Redonner du sens à l’action : la force de l’entretien de mission

« Le respect ne commence pas par ce que tu dis, mais par ce que tu « Celui qui a une raison de vivre peut supporter presque n’importe quel comment. »
— Friedrich Nietzsche

Dans un monde professionnel où les objectifs, les chiffres et les procédures prennent souvent le dessus, l’énergie humaine peut s'étioler. Or, derrière chaque poste, chaque fonction, il y a un être humain porteur d’une aspiration plus grande que son simple intérêt quotidien : celle d’être utile, de contribuer, de grandir. C’est ici que l’entretien de mission prend tout son sens. Cet outil puissant, à la fois simple et profond, reconnecte le collaborateur à son rôle vivant et à son potentiel inexploité.

L’entretien de mission n’est ni une évaluation, ni un audit. C’est une exploration bienveillante où le manager invite le collaborateur à revisiter ce qu’il fait, pourquoi il le fait, et à qui il le donne. Cette démarche nourrit la responsabilité, renforce la motivation et révèle l’importance de chacun dans le projet collectif.

1. Identifier ses "clients" : comprendre pour qui l’on agit

La première étape de l’entretien de mission consiste à identifier toutes les personnes impactées par l’action du collaborateur : clients externes, collègues, équipe, hiérarchie. Cette prise de conscience permet de sortir d’une vision étroite du poste pour adopter une perspective de service et de contribution. On passe de l’exécution à la relation.

2. Clarifier ce que l’on apporte : valoriser sa contribution

Qu’apporte-t-on concrètement à ses "clients" internes et externes ? De la confiance, de la sécurité, de la stabilité, de la facilité, des solutions… Cet apport, souvent sous-estimé par la personne elle-même, est mis en lumière, reconnu et valorisé. C’est une véritable restauration de l’estime de soi professionnelle.

3. Définir la fonction stratégique dans l’organisation

En reliant sa contribution personnelle à la pérennité de l’entreprise — en particulier sur les trois piliers que sont le commercial, le technique et l’administratif —, le collaborateur comprend qu’il est un acteur stratégique. Ce décloisonnement ravive la fierté d'appartenir à un projet plus grand que soi.

4. Mettre en lumière ses engagements

Quelles promesses implicites ou explicites a-t-on faites ? Qu’attendent concrètement les "clients" du poste ? Cette étape clé amène à formaliser les engagements assumés, à les clarifier et à les actualiser si besoin. Le collaborateur devient co-auteur de ses propres responsabilités.

5. Faire l’inventaire de ses ressources

Quels sont les moyens à disposition pour remplir la mission ? Humains, techniques, organisationnels, relationnels… Nommer ces ressources les rend réelles et disponibles. Cette étape permet aussi d’identifier éventuellement des manques et d’ouvrir un dialogue constructif.

6. Évaluer la suffisance des ressources

L’entretien invite à distinguer entre perfection illusoire et suffisance réaliste. En reconnaissant que les moyens sont à la fois perfectibles et suffisants pour avancer, on quitte le statu quo de la plainte pour entrer dans la dynamique de l’action.

7. Créer l’opportunité de l’engagement libre

Quand tout est exploré, clarifié, reconnu, vient le moment naturel de l’engagement. Le collaborateur peut alors, en conscience, dire : "Je m’engage à...". Cet engagement n’est pas imposé, il émerge comme une évidence.

Conclusion : un acte de conscience, une force d’élan

L’entretien de mission, en reconnectant chacun à sa raison d’être et à sa valeur, restaure l’énergie du travail bien fait, non par contrainte, mais par sens. Il offre au manager un outil précieux pour élever la qualité de l'engagement de son équipe, tout en renforçant la fierté et la responsabilité individuelle. En ces temps où l’usure et la perte de repères guettent, c’est un véritable levier de renouveau.

 

 

La vie n’est jamais insupportable par les circonstances, mais seulement par l'absence de sens et de but. Même dans les situations les plus difficiles, l’homme garde la liberté ultime : choisir son attitude face aux circonstances, choisir sa propre voie. Ceux qui ont un pourquoi peuvent supporter tous les comment.


Viktor Frankl,

« Découvrir un sens à sa vie »)

psychologue humaniste