L'entreprise et le besoin d'évoluer

  • 13 Mai 2018
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De la nécessité d’évoluer

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« Qui n’avance pas recule ! »

Le changement accéléré que nous connaissons depuis plusieurs décennies nous soumet tous au dilemme suivant : se laisser happer par la peur et résister, ou bien lâcher prise et apprendre à surfer. L'évolution est plus que jamais une nécessité.

Nous aimerions développer l’idée suivante : la façon la plus efficace de profiter des forces colossales que représente le changement consiste à prendre en charge sa propre évolution, tant sur le plan individuel que collectif. De cette idée découlent quelques observations concernant d’une part les stratégies employées par les entreprises pour faire face à cette nécessité et d’autre part la sous-exploitation du potentiel humain dans l’entreprise. Ces observations offrent, nous l’espérons, au lecteur quelques pistes de réflexion intéressantes.

Acheter son évolution

« Il est plus facile de promettre que de tenir. »

L’entreprise toute entière est confrontée à la nécessité d’évoluer. Il existe de nombreuses approches pour le faire. Une majorité d’entreprises a choisi d’évoluer en investissant dans des solutions « achetables » : achats de technologies ou de services plus rentables ou répondant à des exigences marketing.

Cette stratégie a permis des améliorations significatives, mais ses limites apparaissent vite. L’amélioration d’un point de productivité ou d’image coûte de plus en plus cher, car les concurrents y ont également accès. Le chiffre d’affaires n’est pas toujours au rendez-vous, les marges ne sont pas à la hauteur des investissements, et les clients deviennent volatils.

Une analyse plus approfondie révèle :

  • Une dynamique humaine chargée de tensions nocives.

  • Un niveau de motivation étrangement bas.

  • Un recrutement difficile malgré un contexte de chômage.

  • Des difficultés croissantes à fidéliser les collaborateurs.

  • Une communication interne complexe.

  • Des problèmes qui s’accumulent et génèrent des crises.

Ces dérives indiquent que la bonne volonté des dirigeants ne suffit pas. Une stratégie centrée sur l’économie et la rentabilité à court terme, sans prise en compte de la dynamique humaine, conduit invariablement à une spirale négative.

Créer son évolution

Le véhicule de toute évolution est le projet, et son carburant : l’enthousiasme.

Cette énergie ne s’achète pas, elle se crée et s’entretient. De plus en plus d’entreprises comprennent que leur évolution passe par celle des individus qui les composent. La volonté et le désir humain sont les moteurs de l’entreprise.

Lorsque cette énergie se retourne sur elle-même sous l’effet de la peur, elle conduit à des stratégies de fuite ou d’attaque.

« Si les officiers ne sont pas soumis à un entraînement sévère, ils seront hésitants et inquiets au combat. »

« Si les généraux ne sont pas formés à fond, ils fléchiront intérieurement face à l’ennemi. » — Sun Tzu, L’art de la guerre

La dynamique humaine est simple dans ses fondements, complexe dans sa mise en œuvre. Les personnes dans l’entreprise sont toutes reliées entre elles par la raison d’être de l’entreprise : satisfaire les besoins des clients.

L’entreprise : un organisme vivant

L’entreprise est un organisme vivant qui consomme, transforme et écoule ses produits sur son marché. Elle rémunère ses partenaires et ses collaborateurs en fonction de leur contribution.

L’offre et la demande

Depuis l’aube des temps, l’homme exprime deux types de besoins : avoir et faire — consommer et produire. Ces besoins génèrent les forces colossales de l’offre et de la demande.

Une entreprise est un micro-marché où l’offre et la demande déclenchent une dynamique spécifique. Ses structures fondamentales s’articulent autour de deux axes :

  • L’axe hiérarchique : direction, management, opérationnels.

  • L’axe fonctionnel : technique, administratif, vente.

Ces structures conditionnent la santé et la survie de l’organisation.

Les hommes dans l’entreprise

Comme l’entreprise, l’individu possède sa propre structure fondamentale, articulée autour de :

  • L’état d’esprit (hiérarchique) : tête, cœur, tripes.

  • Le comportement (fonctionnel) : pensée, parole, action.

Tableau comparatif Individu / Entreprise

Individu (Cortex)

Entreprise (Direction) Vision, stratégie, projets, communication Comprendre, se questionner, implication personnelle
Limbique (Cœur) Management Mission, objectifs, plans d’actions Tester, expérimenter, coaching, communication
Reptilien (Tripes) Opérationnel Actions, transformation Pratiquer, intégrer par l’entraînement

Quand le respect disparaît,

la confiance s’effondre

et les crises apparaissent.

« Pour peu que l’on traite les gens avec bonté, justice et équité et qu’on leur fasse confiance, alors l’armée aura l’esprit d’équipe et tous seront heureux de servir leur chef. » — Sun Tzu, L’art de la guerre

Les compétences des battants

Les situations de crise révèlent deux types d’hommes : les battants et les abattus. Les battants développent des compétences spécifiques :

  1. Projet : savoir se projeter dans l’avenir, imaginer une meilleure situation.

  2. Productivité : gérer son quotidien sur la base de priorités.

  3. Communication : écouter, s’affirmer, maîtriser ses émotion


L’éthique : le facteur déterminant

L’éthique est l’alignement des pensées, des communications et des actions sur un but positif pour soi et les autres. Des valeurs comme la politesse, le respect, la modestie, la sincérité, le courage, l’honneur, le contrôle de soi et l’amitié sont les piliers du succès durable.

Après l’ère du marketing et celle de la qualité, vient aujourd’hui l’ère de l’éthique.

Relier la dynamique individuelle à la dynamique collective

Changer pour évoluer. Évoluer, c’est croire que c’est possible et le vouloir. Les individus et les groupes disposent d’un potentiel d’amélioration extraordinaire, souvent ignoré.

Les générations futures riront de cette ignorance, mais aujourd’hui, elle génère frustration, souffrance et gaspillage.

Une pédagogie du changement

Chaque personne dans l’entreprise devrait pouvoir s’impliquer dans un programme d’amélioration personnelle. La direction et les managers doivent montrer l’exemple.

Au final, il s’agit de partager valeurs, principes, méthodes et techniques essentielles pour une collaboration saine et efficace.

Nous dépensons des fortunes pour être en tête de la course, mais dans l’équation, une variable majeure est très souvent négligée.

Marc Roussel